Bon vent

Aujourd’hui, ça souffle ! Jusqu’à soixante-dix kilomètres heure, dit la météo. Du coup, j’ai envie de m’offrir un anémomètre, un de ces drôles de petits moulins qui mesurent la vitesse du vent. Ça ressemble aux moulins à vent des gamins, ces hélices colorées qui se mettent à tourner à toute vitesse au moindre souffle d’air. On peut aussi courir en les brandissant. Tout le monde a joué avec un de ces trucs, étant gamin.

Au fond, avec les éoliennes, on retrouve quelque chose de l’enfance. Des moulins à vent géants qui tournent majestueusement, sur un rythme apaisant, comme le faisaient les ailes du moulin, celui du meunier. « Meunier, tu dors. Ton moulin, ton moulin va trop vite ! ». Aujourd’hui, il ne s’agit plus de moudre les grains de blé. Il s’agit de fabriquer l’électricité qui va faire fonctionner la minoterie. C’est peut-être ça, le progrès.

De fil en aiguille, j’imagine le paysage de la Grande Verrière surmonté, très haut au-dessus des arbres, par quatre ou cinq immenses moulins à vent. Comme tout le monde, j’en ai vu des éoliennes, dans la Creuse par exemple. Moi, je les aime bien les éoliennes. Ce qui prouve, selon certains, que tous les mauvais goûts sont dans la nature. Quatre ou cinq éoliennes, c’est quand mieux qu’une usine à gaz, ou une centrale nucléaire, il faut l’avouer. Le problème, c’est la construction des pylônes. Plus exactement, les dégâts causés par l’érection de ces géants, avec les voies d’accès et les énormes socles en béton armé. Sans compter que leur démontage, dans vingt ou vingt-cinq ans, risque d’être fort problématique. Je sais, à Saint-André rien n’est encore fait. Quand-même, deux cents mètres de haut, les deux tiers de la tour Eiffel ! Mais j’y pense, pourquoi ne pas équiper de pales notre tour nationale ? Pardon, je m’égare.

Je vous parlais des anémomètres et des moulins à vent des gamins. Entre ces petits bidules et les éoliennes titanesques, il existe toute une panoplie de tailles et de formes diverses. J’imagine qu’on pourrait concevoir un programme d’éolien domestique. On pourrait aussi transformer les moulins sur les cours d’eaux. Les moulins d’autrefois moulinaient aussi très bien à l’eau. Je dis « on », parce que je me demande bien qui songerait à ce genre de projet. D’ailleurs, je ne suis pas sûr que ça vaille la peine. Je vous avoue que je n’y connais rien.

Peut-être Éole, maître des vents, nous viendra-t-il en aide ? Il a secouru Ulysse au cours de l’Odyssée. Mais pour le roi d’Ithaque, finalement, ça n’a pas fonctionné.

JD, un jour de grand vent, 2019

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