La Boulangerie Madame

Nous sommes Rahma et Guillaume Jouet. Nous avons atterri par hasard à Saint André le Désert au début de l’année 2020. Nous voulions ouvrir notre propre boulangerie bio, mais une boulangerie avec de la place pour travailler. Cela n’a pas été facile à trouver. Tout ce qu’on trouvait était soit trop grand, trop petit, trop cher… Un meunier de farine nous disait d’aller voir à Saint André le Désert, mais ça avait l’air loin et « le Désert »… non merci. Finalement on a visité la boulangerie à vendre à Saint André le Désert et en effet, c’était parfait pour nous et ce n’était même pas si loin de Paray le Monial où nous habitons. Voilà comment nous avons repris la boulangerie de Didier et Claudine Degaille.

Commencer une boulangerie bio était mon idée et mon projet – d’où le nom « la Boulangerie Madame » – mais Guillaume m’a toujours soutenue et il a quitté son poste de boulanger pour ouvrir notre boulangerie. Après quelques hauts et bas au début, inhérents à l’utilisation de produits biologiques sans additifs, Guillaume a réussi à trouver ses marques. Nous avons trouvé le bon meunier et la bonne farine et notre pain en est devenu encore meilleur.

Nous habitons donc à Paray le Monial, dans la maison de famille de Guillaume. Ça nous fait pas mal de trajets, mais la maison est grande et agréable et nous y sommes bien. De plus, avoir les deux lieux nous permet une vraie coupure entre le travail et la vie de famille. Peut-être qu’un jour, nous pourrons rénover l’appartement et venir nous installer à Saint André le Désert, mais on verra bien.

Toutes les nuits, Guillaume se lève à 2H pour commencer : d’abord les flûtes puis les baguettes et enfin les spécialités. Plus tard dans la matinée, il commence les préparations pour le pain du lendemain. Moi, je fais la grasse mat jusqu’à 3H30 – avec notre fille qui continue sa nuit dans la voiture, puis la recouche dans sa chambre à la boulangerie – et à 5H départ pour la tournée. De retour à 8H, petit déjeuner en famille et puis j’aide dans la boulangerie. A midi on ferme et l’après midi on dort quelques heures.

Nous avons ouvert la boulangerie juste avant le premier confinement et même si ce n’était pas idéal, le télétravail et le peu de mobilité nous donnaient une clientèle fixe et c’était en fait idéal pour débuter. Maintenant nous avons aussi trouvé des nouveaux clients et nous travaillons dur, mais nous nous en sortons plutôt bien.

Avec le déconfinement, il y a des changements. Les résidences secondaires sont de nouveau occupées, les Français reviennent visiter la Bourgogne, de même que les touristes étrangers. Dans les mois à venir, on va savoir si la boulangerie peut continuer dans sa forme actuelle. On commence à toucher le plafond de ce que Guillaume et moi pouvons gérer à deux. Mais le pas vers un agrandissement (un four plus grand) et embaucher quelqu’un dans la boulangerie est grand. Nous vendons déjà des œufs et du miel, peut-être qu’à terme on pourrait agrandir l’assortiment. J’ai pas mal d’idées, on pourra être une sorte d’office du tourisme non-officiel, organiser un petit marché de producteurs, mais pour l’instant les possibilités sont limitées, car il faut bien dormir de temps en temps et nous ne pouvons donc pas (encore?) ouvrir l’après-midi.

Nous sommes bien accueillis dans le village. J’ai l’impression que la boulangerie occupe une place centrale dans le village où les gens se rencontrent, surtout le dimanche matin et cela nous fait du bien. Au début, je pensais que peut-être les gens hésiteraient à cause de l’accent que nous mettons sur le bio, mais le contraire semble être le cas. Je pense même que les clients sont enthousiastes et aiment notre pain. En tout cas, nous travaillons dur, mais nous sommes heureux avec ce qu’on a accompli jusque-là. Et j’espère que les Saint Andréens sont d’accord avec nous.